Habiter la fenêtre d’un trapèze, regarder la forêt derrière la fenêtre de ma caravane, entrebâiller la fenêtre pour laisser passer l’air frais.
Turbul’, école de cirque de Nîmes. L’oiseau trouve un tremplin à ses envols naissants. Je m’identifie à la nuée d’oiseaux itinérante, la vie en collectif me correspond. Des projets d’éducation populaire et artistique me permettent d’appréhender le cirque dans sa dimension sociale comme un vecteur d’échanges.
Joie de grimper aux arbres et de sentir le vide sous mes pieds, je choisis instinctivement le trapèze fixe. Cet espace suspendu devient mon nid, ma cabane sensible.
Une écologie de la pratique : les lignes déterminées de mon agrès entrent en résonance avec le kraft déchiré de mes collages, la littérature nourrit mon imaginaire circassien, le trapèze me permet de tricoter mes pérégrinations intérieures.
De 2017 à 2020, mon cursus au Conservatoire de danse et de théâtre a enrichi mon rapport à la scène et m’a ouvert de nouvelles perspectives. En 2020, j’intègre la formation préparatoire de l’École de Cirque de Lyon. S’ouvre alors une période émancipatrice durant laquelle débute une recherche sur la lenteur et l’écriture iconographique au trapèze. J’affirme mon goût pour le jeu scénique en incarnant des états émotionnels variés et en jouant des métamorphoses de mon corps.
Ma rencontre avec Yann Virot, jongleur de ma promotion, marque le début d’un duo de jeu porté sur le détournement des matériaux de construction. Notre envie naît de faire fleurir par la suite un projet en trio avec Mateo Motes, acrobate au sol.
A partir de 2022, je poursuis mon vol vers le Centre National des Arts du Cirque de Châlons-en-Champagne.
Je conçois l’écriture trapézistique comme un album photo traversé par un mouvement continu. Varier mes appuis et mes prises d’élan me permettent d’élaborer un vocabulaire acrobatique singulier.
Par la création d’un trapèze avec une barre d’une largeur de trois mètres, mon paysage de la suspension se déploie et d’autres agrès sur lesquels escalader s’esquissent.
Ouvrir encore d’autres fenêtres. Crapahuter sur d’autres rebords.